Dirigeable de DUPUY DE LÔME

02 février 1872

S’envoler en ballon pour quitter Paris assiégé en 1870 n’était concevable que lorsque les vents étaient favorables ! Atterrir en territoire occupé n’était pas vraiment compatible avec le but de la mission.

L’idée de concevoir un « ballon dirigeable » permettant de s’affranchir partiellement de la soumission aux vents dominants conduit alors, en octobre 1870, le Gouvernement et l’Académie des Sciences à affecter une somme considérable de 40 000 francs à la réalisation du dirigeable conçu par Henri Dupuy de Lôme (1816 – 1885), auparavant créateur des premiers navires de guerre français à vapeur.

 

L’objectif de cet aéronef n’est pas de se diriger de manière absolue quel que soient les vents. Les moyens de propulsion disponibles ne permettent que d’envisager de pouvoir dévier à droite et à gauche de la direction du vent. Cette navigation, proche de celle d’un voilier,  permettant in fine d’atteindre l’objectif par étapes.

La durée des travaux et la complexité du système rigide de suspension de la nacelle ne permettront pas au prototype de voir le jour avant la levée du siège de Paris. Il ne sera près qu’au début de l’année 1872.

3 450 m3 d’hydrogène pur, une enveloppe de 36 mètres de long et 15 mètres de diamètre maximal, une hélice de 9 mètres de diamètre mue par un treuil à bras « activé » à la force des bras par 8 hommes d’équipage et une nacelle d’osier et de bambou.

L’équipage se compose de 14 personnes dont l’inventeur, son gendre Gustave Zédé -futur pionnier des sous-marins français- et les huit hommes certainement réquisitionnés au sein des forces armées.

Le 2 février 1872, le dirigeable s’arrache du sol, vraisemblablement d’un espace intérieur du Fort Neuf. Le vent important ne lui permet de se stabiliser que vers 1 000 mètres d’altitude.

Il réalise un vol direct Vincennes – Noyon, ville située entre Compiègne et Saint-Quentin, soit environ 90 kilomètres à vol d’oiseau et réussit un atterrissage en douceur. La capacité à orienter le dirigeable se traduit par un écart de 12 degrés par rapport aux vents.

Force est de constater, pour le concepteur, que la propulsion humaine ne développe pas la puissance permettant d’atteindre la manoeuvrabilité souhaitée. Mais la phase de motorisation mécanique ne verra pas le jour et il faudra attendre le début du siècle suivant pour y parvenir.

Sources:  Marcellin Hodeir in  http://rha.revues.org/index318.html

Site de l’ARCV: http://www.arcv.fr/ressources/10181/99/arcv_newsletter_f_vrier_2010.pdf

Revues: La Presse Illustrée n° 204 du 24-02-1872 – The Engineer 08-03-1872 – L’Illustration n° 1512 du 17-02-1872

Illustration La Presse Illustrée n°204 - Collection Richard Barré

DR – La Presse Illustrée n° 204 – Collection R. BARRE

DR – L’Illustration n° 1512 du 17-02-1872 – Collection R. BARRE